Quand j’ai entrevu, ho pair’ d’yeux
Le déclin deuil du mâl’ voyant
Moi qui déjà me croyais vieux
J’ai douté en adolescent

Quand j’ai par toi vu l’île d’Yeu
Île au nom pour moi malveillant
Moi qui ne croyais pas en dieu
J’ai cru au paradis vivant

Mais je ne vois pas clair
Je n’ suis pas clairvoyant
Et tu cries haut et clair
Et tu crois et pourtant
Si tu regardais vers
Ceux qui ont des blessures
Qui rient d’avoir souffert
Souffert au clair-obscur
Si je n’ai su te plaire
Sach’ que j’ai des plaies sures
Et que la lumièr’ pure
Qu’on voit dans un éclair
Le plus souvent ne dure
Pas plus que le tonnerre

Et si je n’ai su clairsemer
Que des chagrins dans notre chant
J’ai clerc de vos terr’s récolté
Plus qu’une îl’, je sais, mais avant

Avant que de tirer au clair
Toi si parfait’ sach’ pour parfaire
Qu’il ne me rest’ pour voyager
Que mes rêv’s ou ton amitié

Car je ne vois pas clair
Je n’ suis pas clairvoyant
Et tu cries haut et clair
Et tu crois et pourtant
Si tu regardais vers
Ceux qui ont des blessures
Qui rient d’avoir souffert
Souffert au clair-obscur
Si je n’ai su te plaire
Sach’ que j’ai des plaies sures
Mais que j’ai vu l’éclair
Je sais sa lumièr’ pure
Et je voudrais qu’ell’ dure
Pour ça je dois me taire ?

Cette colère obscure
Alluma l’éclaircie
Non, plus depuis ne furent
Tes yeux clairs assombris

Nous avons voyagé
Maintenant j’y vois clair
En l’huître bien cachée
Luisait une perle : Claire

Je ne voyais pas clair
N’étais pas clairvoyant
Tu criais haut et clair
Tu croyais et pourtant
Tu as regardé vers
Qui avait des blessures
Qui rit d’avoir souffert
Souffert au clair-obscur
C’était avant hier
Hier l’aube fut sure
Aujourd’hui la colère
N’est plus que du futur
Et je voudrais qu’il dure
Alors je vais me taire

© FAMo