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2007 01 Réunion de dernière minute

Parlant avec Claire de ma généalogie, à l’automne, je lui apprends qu’un de mes cousins habite à La Réunion. Ca c’est une idée de voyage !

En décembre nous décidons d’y aller, en janvier nous y sommes, sans avoir vraiment préparé grand chose. Grâce au réseau espérantophone, j’ai trouvé deux contacts qui vont nous aider au delà de toute espérance. Merci Ju et Vince, merci Annick, grâce à vous l’aventure fut plus facile. Merci aussi à Gilles et Bouchera de l’hôtel Crisalide, c’est rare d’être invité à manger chez des hôteliers.

Au début, on a été un peu déroutés, si je puis dire, parce qu’on comptait faire des excurtions organisées, qui paraissaient alléchantes sur les guides. Mais le Chikungunya était passé par là l’année précédente. La façon dont en avaient parlé les médias avait fait chuter la fréquentation touristique tant et bien qu’on avait supprimé les excurtions. Du coup on a d’abord visité un peu Saint Pierre, on s’est baigné, on a dégusté la gastronomie locale. Puis les copains nouvellement rencontrés nous ont fait profiter de leurs voitures. Et, nous enhardissant, nous avons pris le car La Ville, les cars jaunes et autres. Même le car qui va à Cilaos, avec la montagne d’un côté et le précipice d’ l’autre, avec ses tunnels à peine plus larges que les rétroviseurs avec un virage à 90 degrés au bout, avec les chutes de pierres, dont une, trop grosse, que les voyageurs devront déplacer pour pouvoir continuer à avancer ! :-)

Une fois les problèmes de transports apprivoisés donc, transports individuels amicaux ou collectifs pitoresques, on a pu approcher les odeurs multicolores de la végétation prodigieuse de l’île. Les ti bananes, les babafigues, la vanille, le café, les ananas, les mangues, le vétivers, la canne... et tant de plantes, de fleurs, inconnues. Annick essayait de me les apprendre, me les faisaient toucher, c’était si varié, si luxuriant, ma mémoire ne pouvait tout retenir, mais les émotions instantanées et innombrables ont rempli mon corps, mon esprit, mon âme. La nature de l’océan indien est, évidemment si différente de celle de l’Europe que, de surcroît, je ne connais déjà elle même pas tant que ça. J’ai trop peu l’occasion de la toucher, d’y être. Et là, tout était nouveau, plus chaud, plus humide, plus dense. Même les tourterelles ne chantent pas comme en France ! :-)

Oui, souvent, on ne dit pas en métropole, bien que les habitants venus de là-bas soient des métros. On dit la France, comme si on n’y était pas. Et vraiment, on n’a pas l’impression d’être en France. Enfin, faudrait définir ce que c’est la France. Tout de même, on parle français, et ça c’est bien pratique pour nous ! :-) Mais le métissage est à la Réunion un mot qui prend tout son sens. Dans une même rue, un temple tamoul, une mosquée, une église... C’est vraiment un lieu de Réunion.

Et la mer, tout autour, à 28 degrés, en surface comme en profondeur. Ju et Vince avaient un moniteur de plongée formé handisport, génial ! Malheureusement, moi, je me fais une otite externe, et je devrai rester sur le bateau alors que Claire s’éclatera sous 10 mètres d’eau pendant trois quarts d’heure. Comme dirait ce pauvre Caliméro, consolateurs des enfants brimés de ma génération, : c’est vraiment trop injuste ! :-)

On est allé au sud-est entendre les cascades de la rivière des angevins, marché sur une excroissance du rivage formée par une grande coulée de lave, en 1986, qui a agrandi l’île de deux terrains de football dit-on ; on y a déjà construit des maisons. Ici le volcan, d’où sort l’île, on vit avec. Au nord-est, on s’est baigné sur les plages du littoral, on est monté au Maïdo à plus de deux mille mètres, au dessus du cirque de Mafate. C’est impressionnant de sentir ce grand bol d’air et de nature en contrebas. Les ULM qui franchissaient la montagne et redescendaient me donnaient la mesure du relief gigantesque en dessous de nous.

Et partout, tout le temps, à une averse prêt, du soleil, de la chaleur, des degrés auxquels nous ne sommes pas habitués. Moi qui considère habituellement que la climatisation est un gaspillage superflu, je l’ai soudain appréciée. En milieu de journée, après une longue marche, s’enfermer une heure dans une chambre climatisée, sa repose, vraiment, même si on retrouve le plomb du feu extérieur après, on y retourne reposé, je n’avais jamais vécu cette sensation.

A l’office du tourisme de Cilaos, on est tombés sur une maquette de lîle en relief de deux mètres de côté. Elle était au mur, je suis monté sur une chaise, et j’ai pu enfin survoler La réunion, la sentir toute entière sous mes mains. Ce monstre de lave sorti de l’océan est vraiment fascinant. Les humains polluent tout ça dans l’allégresse, comme ailleurs. Les routes investissent le peu d’espace qui leur est permis par le relief montagneux qui couvre presque toute l’île. La voiture prolifère trop et trop vite. La nature fait bien tomber quelques pierres de ci de là, elle se défend comme elle peu. Mais bon, on ferme une ou deux routes quelques heures, le temps de consolider, et tout reprend de plus belle, la technologie continue à étendre sa dictature sans vergogne.

12 jours c’était trop court, on le savait, mais Claire ne pouvait pas avant et je ne pouvais pas après. Alors on y retournera, c’est promis, on y croit, on le veut, on en redemande. Et puis il y à Maurice, tout à côté, que Annick connaît aussi bien et qu’elle nous a proposé de nous faire connaître. Merci. Merci Claire, merci tout le monde, merci toute la nature, merci la planète, l’univers, dieu le hasard la chance le bonheur ou je sais pas quoi, merci la vie, on est nés du bon côté, on est chanceux, c’est sûr, on peut non seulement manger à satiété, dormir sous un toit douillet, travailler dans de belles conditions, avoir toutes sortes de soins, et en plus on peut voyager. Il avait raison Caliméro, c’est vraiment trop injuste, pour tous ceux qui n’ont pas le tiers du quart de tout ce qu’on a.

Si la Réunion ça signifie l’action de unir à nouveau. Que unir ça voudrait dire que tous pourraient être à l’image de chacun, avec des droits égaux, que les droits des uns comme celui de voyager seraient les droits de tous, cette île pourrait donner son nom à notre planète. Mais la Terre elle, c’est plutôt la désunion, dommage.

Ca m’a rendu un peu trop lyrique et philosophe ce récit, pardon, surtout pour faire de la philosophie de bas étage comme celle là, mais bon, ce texte comme ce voyage, c’est un peu de l’improvisation ! :-)


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