Ca commence toujours par des liens. En l’occurrence un copain, Cyrille, qui travaille au Louvre. Cyrille a mis en place et développé diverses activités originales et intéressantes, dont Les visites descriptives, "autour d’une oeuvre", et L’espace Tactile du Louvre. Il a pour collègue Martine.
Martine met en place le Colloque pARTages, qui aura cet année pour thème :
Le Musée, ça fait du bien ?
Et il paraît que moi, bavard incorrigible que je suis, j’aurais peut-être des choses à dire sur le sujet, en tant qu’utilisateur aveugle du musée. Que j’aie des choses à dire, ceux qui me connaissent n’en douteront pas, mais que ces choses soient dignes d’intérêt, c’est moins sûr.
J’accepte donc, tout en ayant conscience une fois de plus de me disperser un peu par rapport à mes projets artistiques, de préparer ce qu’il convient d’appeler, semble-t-il, une intervention. Je ne lis pas assez bien le braille pour lire à haute vois de façon fluide. Je m’appuierai donc sur une trame, un plan, que je pourrai suivre sous mes doigts, tout en improvisant mon texte. A l’occasion de deux entretiens, Martine et ses collègues m’aide à dégager quelques lignes essentielles, au milieu du flots de mes idées qui, comme à mon habitude, coulent un peu trop abondamment.
Il faut un titre, et je pense spontanément à une de mes chansons que, de surcroît, je propose de chanter a capella, ce qui ne saurait manquer de surprendre au milieu d’un colloque. Mais banco, Martine accepte, cela s’intitulera donc :
Le plan, finalement, ça donne ça :
Bien sûr, je n’aurai que 20 minutes, certainement pas assez pour tout traiter.
La veille du colloque, interpellé depuis un certain temps déjà par un travail dont j’ai entendu parlé, de la peinture faite pour être touchée, travail que je n’ai malheureusement pas encore pu regarder, je décide enfin de contacter en dernière minute l’artiste qui a créé de telles oeuvres, Catherine Drouin-Goutal. Ce qui m’intéresse surtout ce jour là, c’est de savoir si le fait qu’on puisse toucher certaines de ses oeuvres lui a, a posteriori, donner à réfléchir sur la sacro-sainte pérennité de l’art. Je lui demande si, après cela, elle consentirait à ce que l’on touche ces autres oeuvres, celles d’avant, qui n’étaient pas conçues dans cet esprit. Ma question la troubla, elle ne put, de prime abord, y apporter une réponse précise.
Parce que quoi, c’est bien ce qu’on nous objecte, le plus souvent, quand on veut toucher une oeuvre : la pérennité de l’art. Un employé du Centre Pompidou, un jour où je touchais un bronze, après une discussion un peu tendue, m’a même dit, à bout d’arguments :
Si on vous laissait toucher les oeuvres, dans quelques siècles, on ne pourrait plus les toucher.
Mais pour conclure avec cette journée du 27 avril, outre l’intérêt de certaines autres interventions (il y en eut aussi de très chiantes voire incompréhensibles, mais ne comptez pas sur moi pour dénoncer), et des échappées poétiques, la bonne qualité du repas servi au restaurant du Louvre, ce qui n’est pas essentiel mais tout de même important n’est-ce pas, , j’ai aussi et surtout eu le plaisir de rencontrer Catherine Dolto, ce dont je me réjouissait à l’avance. J’ai ainsi pu lui demander de se faire mon ambassadrice auprès de Franz Veldman, créateur de l’Haptonomie, afin de pouvoir disposer de ses livres, difficiles à lire à haute voix, en version informatique.
Voilà, des rencontres sont des ponts vers d’autres rencontres, des routes mènent à d’autres routes, et ainsi se tisse la vie.