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2007 04 27 le musée, ça fait du bien ?

Ca commence toujours par des liens. En l’occurrence un copain, Cyrille, qui travaille au Louvre. Cyrille a mis en place et développé diverses activités originales et intéressantes, dont Les visites descriptives, "autour d’une oeuvre", et L’espace Tactile du Louvre. Il a pour collègue Martine.

Martine met en place le Colloque pARTages, qui aura cet année pour thème :
Le Musée, ça fait du bien ?

Et il paraît que moi, bavard incorrigible que je suis, j’aurais peut-être des choses à dire sur le sujet, en tant qu’utilisateur aveugle du musée. Que j’aie des choses à dire, ceux qui me connaissent n’en douteront pas, mais que ces choses soient dignes d’intérêt, c’est moins sûr.

J’accepte donc, tout en ayant conscience une fois de plus de me disperser un peu par rapport à mes projets artistiques, de préparer ce qu’il convient d’appeler, semble-t-il, une intervention. Je ne lis pas assez bien le braille pour lire à haute vois de façon fluide. Je m’appuierai donc sur une trame, un plan, que je pourrai suivre sous mes doigts, tout en improvisant mon texte. A l’occasion de deux entretiens, Martine et ses collègues m’aide à dégager quelques lignes essentielles, au milieu du flots de mes idées qui, comme à mon habitude, coulent un peu trop abondamment.

Il faut un titre, et je pense spontanément à une de mes chansons que, de surcroît, je propose de chanter a capella, ce qui ne saurait manquer de surprendre au milieu d’un colloque. Mais banco, Martine accepte, cela s’intitulera donc :

Vos corps invisibles

Le plan, finalement, ça donne ça :

  1. à l’origine :
    • double cécité : congénitale, acquise.
    • milieu socio(a)culturel
    • la musique à l’école des aveugles
    • beaucoup de frustrations :
    • Vos Corps Invisibles
  2. la rencontre avec le musée
    • rééducation fonctionnelle
    • Tours 1995 : Toucher Pour Savoir
    • Louvre : Espace Tactile,
    • Centre Pompidou : Toucher pour Voir, avec des gants
    • Communication Graphique et Dessins en relief
    • relief : analytique et binaire
    • modelage : musée Rodin, Bourdel...
      tactile/descriptif
    • Centre Pompidou : visites orales animées,
    • Louvre :Autour d’une Œuvre
  3. En deçà du bien et du mal
    • représentation mentale : un effort surmontable ?
    • Pour franchir la distance entre soi et l’œuvre il y a aussi l’autre
    • Nouveaux regards portés sur les œuvres (expérience avec Yann Arthus Bertrand
    • Nouvelles relations à l’oeuvre et au musée :
      • danse avec le Gladiateur Borghèse
      • mime du tableau du retour du fils prodige
  4. Conclusion
    • nouveaux outils générés par le handicap
      (ascenseurs, téléphones portables, télécommandes, plan inclinés, services vocaux...)
    • Le handicap interroge aussi le musée, il est créateur de nouveaux types d’approches.
      • l’exemple des rencontres Tokyofeel
    • publics empêchés ? empêcheurs de tourner en rond !
    • Ca fait du bien là où ça fait mal !

Bien sûr, je n’aurai que 20 minutes, certainement pas assez pour tout traiter.

La veille du colloque, interpellé depuis un certain temps déjà par un travail dont j’ai entendu parlé, de la peinture faite pour être touchée, travail que je n’ai malheureusement pas encore pu regarder, je décide enfin de contacter en dernière minute l’artiste qui a créé de telles oeuvres, Catherine Drouin-Goutal. Ce qui m’intéresse surtout ce jour là, c’est de savoir si le fait qu’on puisse toucher certaines de ses oeuvres lui a, a posteriori, donner à réfléchir sur la sacro-sainte pérennité de l’art. Je lui demande si, après cela, elle consentirait à ce que l’on touche ces autres oeuvres, celles d’avant, qui n’étaient pas conçues dans cet esprit. Ma question la troubla, elle ne put, de prime abord, y apporter une réponse précise.

Parce que quoi, c’est bien ce qu’on nous objecte, le plus souvent, quand on veut toucher une oeuvre : la pérennité de l’art. Un employé du Centre Pompidou, un jour où je touchais un bronze, après une discussion un peu tendue, m’a même dit, à bout d’arguments :

Si on vous laissait toucher les oeuvres, dans quelques siècles, on ne pourrait plus les toucher.

Mais pour conclure avec cette journée du 27 avril, outre l’intérêt de certaines autres interventions (il y en eut aussi de très chiantes voire incompréhensibles, mais ne comptez pas sur moi pour dénoncer), et des échappées poétiques, la bonne qualité du repas servi au restaurant du Louvre, ce qui n’est pas essentiel mais tout de même important n’est-ce pas, , j’ai aussi et surtout eu le plaisir de rencontrer Catherine Dolto, ce dont je me réjouissait à l’avance. J’ai ainsi pu lui demander de se faire mon ambassadrice auprès de Franz Veldman, créateur de l’Haptonomie, afin de pouvoir disposer de ses livres, difficiles à lire à haute voix, en version informatique.

Voilà, des rencontres sont des ponts vers d’autres rencontres, des routes mènent à d’autres routes, et ainsi se tisse la vie.


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